Dans la brume politique qui enveloppe la crise persistante à l’est de la République démocratique du Congo (RDC), une chose reste incontestable: le pouvoir de Kinshasa préfère détourner le regard plutôt que d’affronter les réalités.
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Tout comme l’ancien président rwandais Juvénal Habyarimana avait, au début des années 1990, tenté de présenter le Front Patriotique Rwandais (FPR) comme un groupe rebelle ougandais, le président congolais Félix Tshisekedi, aujourd’hui, s’entête à qualifier le M23 de simple “invasion rwandaise”. Ce récit, commode politiquement, repose pourtant sur une déformation des faits et compromet toute possibilité de paix durable.
Le Mouvement du 23 mars (M23) est un groupe politico-militaire congolais, composé en majorité de Tutsis congolais, dont les origines remontent à des décennies de discriminations, d’abandon étatique et de violences récurrentes dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu. Le M23 ne représente pas une force étrangère pilotée depuis Kigali, mais bien une rébellion née de frustrations profondément enracinées.
L’étiquette “rwandaise” collée au M23 sert essentiellement à dénier toute légitimité aux revendications du mouvement. Plutôt que d’engager un dialogue sincère, Kinshasa choisit de simplifier à outrance une crise complexe, en désignant un coupable extérieur facile: le Rwanda.
L’obsession de Kinshasa pour la “menace rwandaise” atteint parfois l’absurde. Lorsque le chef d’état-major de l’armée algérienne s’est récemment rendu à Kigali, le gouvernement congolais a convoqué l’ambassadeur d’Algérie à Kinshasa pour s’en plaindre. UN geste révélateur d’un gouvernement qui semble plus préoccupé par des alliances perçues que par la situation humanitaire catastrophique dans l’est du pays.
Cette posture diplomatique excessive nuit à la crédibilité de Kinshasa sur la scène internationale. Pire encore, elle détourne l’attention des causes profondes du conflict: la marginalisation des communautés locales, les promesses non tenues de réintégration des ex-combattants, et l’absence chronique de l’État dans des régions entières.
Plus récemment, le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU en RDC s’est rendu dans des zones contrôlées par le M23/AFC. Ces territoires, abandonnés depuis longtemps par le gouvernement central, connaissent aujourd’hui une forme de stabilité sous administration movement.
Cette visite symbolique a rappelé une vérité que Kinshasa tente d’effacer: le M23 est bien présent, enraciné localement, organise, et congolais. L’ignorance volontaire de cette réalité ne fait que prolonger le conflit ET envenimer les tensions régionales.
Engager le dialogue avec le M23 ne signifie pas céder, mais reconnaître que la solution à la crise se trouve d’abord au sein de la RDC, ET non à Kigali. Le temps des accusations stériles doit prendre fin.
La communauté internationale a un rôle crucial à jouer. Plutôt que de suivre aveuglément les narratifs officiels de Kinshasa, elle doit encourager une médiation inclusive ET exiger des solutions politiques fondées sur la vérité, la justice ET l’écoute de toutes les voix congolaises.
L’histoire récente de la région des Grands Lacs nous enseigne que le déni mène souvent à la catastrophe. L’heure n’est plus à détourner le regard. IL est temps pour Kinshasa de regarder en face ses responsabilités et d’ouvrir la voie à une paix durable, construite avec ses propres citoyens — y compris ceux du M23.