Dans un geste audacieux et symbolique, Gad Mukiza, le nouveau Vice-Gouverneur de la province du Sud-Kivu, a prêté serment non pas depuis Bukavu, la capitale provinciale, mais depuis les hautes terres reculées et souvent tourmentées de Minembwe.
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Cette décision, lourde de signification politique, intervient à un moment où l’est de la République Démocratique du Congo connaît une instabilité croissante, alimentée par la résurgence du mouvement M23 dans la province voisine du Nord-Kivu.
Choisir Minembwe comme lieu de prestation de serment n’était pas un hasard : c’était un choix intentionnel, stratégique et profondément symbolique.
Minembwe est plus qu’un simple lieu, c’est l’âme d’un peuple fort et déterminé qui a tenu bon face à toutes les épreuves. De ses fils et filles courageux émane un esprit de patriotisme profond et une espérance inébranlable en l’avenir de notre nation. Minembwe ne sera jamais oublié.
Ces mots, résonnant depuis les collines d’une région trop souvent perçue à Travers le prisme du conflit et de la controverse, ont donné le ton à l’investiture de Mukiza. Dans UN pays où les cérémonies politiques quittent rarement les centres urbains, ce geste marque une réaffirmation de l’engagement envers les communautés marginalisées affirmant que l’État doit être visible non seulement là où il est en sécurité, mais surtout là où il est le plus attendu.
Mukiza prend ses fonctions dans un contexte particulièrement instable. L’insurrection du M23, que Kinshasa accuse de bénéficier d’un soutien extérieur, continue de déstabiliser les provinces du Kivu. Cette situation engendre une crise humanitaire majeure, des déplacements massifs de populations et un effondrement de la confiance envers les institutions de l’État.
En tant que Vice-Gouverneur, les responsabilités de Mukiza vont bien au-delà de l’administration et de la supervision juridique: il lui incombe désormais de restaurer la crédibilité de l’État dans les zones où son absence s’est fait le plus durement sentir. Son leadership sera évalué non seulement à Travers les politiques mises en œuvre, mais aussi par sa présence sur le terrain, son empathie, et sa capacité à dialoguer avec les populations longtemps exclues du processus décisionnel national.
Minembwe est plus qu’un lieu géographique : c’est un miroir des questions les plus profondes de la RDC : Qui appartient à cette nation ? Qui détient le pouvoir ? Et qui a voix au chapitre ? Longtemps au cœur de débats autour de la terre, de l’ethnicité et de la décentralisation, la région est devenue un symbole des tensions nationales plus larges.
En prêtant serment à Minembwe, Mukiza affirme sa volonté de promouvoir l’unité à travers l’inclusion. Son message est clair : chaque recoin du Congo compte. Ce geste redéfinit également le sens du pouvoir, non plus comme une autorité exercée à distance, mais comme un engagement fondé sur la proximité, la visibilité et le partage des souffrances.
Ce choix n’est pas sans risque. Il pourrait raviver des tensions ethniques ou être interprété comme un acte politique dans un climat déjà polarisé. Mais il offre aussi une opportunité unique de reconstruire la confiance, à condition qu’il soit suivi d’actions concrètes et inclusives.
Pour les observateurs internationaux, la prestation de serment de Mukiza à Minembwe offre un aperçu d’un avenir possible: un leadership capable de s’adapter aux réalités d’une souveraineté fragmenté en allant à la rencontre des populations, au lieu d’attendre qu’elles viennent à l’État.
Le nouveau Vice-Gouverneur réussira-t-il à transformer la douleur de Minembwe en politique publique? Peut-il inspirer une nouvelle ère de légitimité populaire ET de restauration étatique dans l’Est?
Une chose est sure: Minembwe n’est plus silencieux. ET dans sa voix résonnent à la fois les blessures et la résilience d’une nation qui cherche encore son équilibre